sábado, 30 de enero de 2016

al fondo del jardín


Denise Grünstein


L’inespéré, au fond du jardin, prenait forme. Des pans entiers de murs s’écroulaient les uns après les autres derrière les lilas. Ils tombaient en silence, lentement, comme s’ils étaient atteints d’une maladie qui les menait à la poussière. Un chancre blanc les recouvrait par endroits, mettant à jour leur faiblesse que les touffes de fleurs dans leur nuance de mauve avaient un temps épargnée. L’inespéré naissait sous nos yeux, ouvrant une fenêtre sans rideaux ni volets que même les rigueurs de l’hiver ne fermeraient plus. Le passé pouvait alors surgir dans l’attente qui nous consumait. 
(p. 44)

*

Ce qu’il fallait fournir d’efforts pour paraître entiers. Le moindre faux pas, le moindre écart pouvaient nous être fatals. Nous connaissions les règles, le temps est une avalanche à venir, et nous nous savions également porteurs d’une échéance à plus ou moins long terme. Nous avions pris l’habitude de pleurer, sans doute pour nous protéger ou mieux, prévenir ceux qui restaient à l’écart. Nulle parole, nulle foi ne parvenaient à nous contraindre. On appelait le noir, les pierres et les chants funèbres. 
(p.48)

Alain Éludut, Géographiques, L’Étoile des limites, 2014. 





Lo inesperado, al fondo del jardín, tomaba forma. Pedazos de muros se derrumbaban unos tras otros detrás de las lilas. Caían en silencio, lentamente, como si los hubiera alcanzado una enfermedad que los condujera al polvo. Un cancro blanco los recubría a trozos, poniendo luz a la debilidad que las matas de flores en su matiz de malva habían evitado durante un tiempo. Lo inesperado nacía bajo nuestros ojos, abriendo una ventana sin cortinas ni postigos que ni siquiera los rigores del invierno cerrarían de nuevo. El pasado podía entonces surgir en la espera que nos consumía.

*

Cuántos esfuerzos hacía falta realizar para parecer entero. El menor paso en falso, el menor desvío podían sernos fatales. Conocíamos las reglas, el tiempo es una avalancha por venir, y nos sabíamos igualmente portadores de un fin de plazo más o menos lejano. Habíamos cogido la costumbre de llorar, sin duda para protegernos o mejor, prevenir a los que permanecían al margen. Ninguna palabra, ninguna fe conseguían contradecirnos. Convocábamos a lo negro, a las piedras y a los cantos fúnebres.


(traducción propia)


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