jueves, 31 de enero de 2013

quand on parle


Summer evening, Edward Hopper




Nous nous taisons. Vous recommencez à regarder le fleuve, puis de nouveau la salle et cette femme du bar qui regarde le sol. Vous dites :
_Il ne faut pas me croire. N’écrivez plus.
_Je crois tout ce que vous dites, les choses les plus fausses, vos mensonges. Je crois à la totalité de ce que vous exprimez, à toutes vos paroles, à vos distractions, à vos imbécillités. Et même à votre sincérité transcendantale au milieu de ce fatras, j’y crois.
_N’ecrivez plus.
_Quand j’écris, je ne vous aime plus.

On se regarde. On cesse de le faire. Je dis :
_ Ce sont des mots qui font peur.
_Oui.
_C’est fou ce que le désespoir est proche… Quand on parle, je veux dire.
_Oui.
Vous souriez. Vous avez encore pâli, à peine, encore là, au-dessus des lèvres, mais c’est encore arrivé. Je vous dis :
_Je ne vous aime plus. C’est vous qui m’aimez. Vous ne le savez pas.


Emily L., Marguerite Duras



3 comentarios:

  1. Genial combinación. Letal. Duras y Hopper. Mon dieu.

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  2. No soy la única que lo dice. Este blog tiene unas referencias exquisitas. Hopper, Duras. Blanca Andreu.
    Cada día te superas.

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  3. En ese mismo porche estuvo Elvis, pero su querella era distinta, y la resolvió con más tino y con el auxilio del vecindario.

    http://www.youtube.com/watch?v=Q2-wYuLXVEw

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