sábado, 12 de febrero de 2011

Un jardin à l'abandon


Tu marches à pas feutrés songeant aux saisons ressemblantes.
ici un jardin à l’abandon une maison fermée
des pensées errantes comme des chats. ailleurs dans l’œil
de l’hirondelle la mort va et vient. tend ses fils
invisibles. veille. attend.




tu ne parles plus. tu renonces. imaginant des portes
qui ne s’ouvrent pas. des géographies
déconcertantes comme l’écriture du cœur

avec des îles simples dont les lois sont oubliées
comme des jarres enfouies dans le sable. et sur les rives
des rames rompues des voiles déchirées des dieux tristes.

tu te souviens : des rondes, des prismes. des scintillements.
du temps irrémisible. des miroirs pénétrables.
puis cette grande réserve de séduction des prairies
au printemps. coquillages. sombres menstrues. voyelles tendres.
le ciel proche avec l’eau voleuse et les propos du rossignol.

tu sais à peine ceci :
que l’œil affermit la voix.
et les chevaux du sommeil s’agitent
inspirent l’ovation des étoiles.
mais déjà sur le lac obscur l’impatient batelier nous apelle
et le silence rôde sur la terre exténuée.


Lionel Ray, Le corps obscur

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